L’histoire de l’hypnose en dentisterie n’est pas récente : il y a 200 ans (voir historique), de nombreux dentistes ont commencé à s’en servir pour son action sur la douleur. anesthésie locale. Si à l’époque les techniques étaient rudimentaires, elles permettaient déjà de soulager certains patients. Deux siècles plus tard, l’hypnose a bien évoluée. Elle a fait l’objet de recherches poussées qui ont à la fois permis d’augmenter son efficacité, mais aussi de mieux comprendre les fonctionnements qui la constituent. Elle s’est ainsi développée au service de plusieurs métiers de la santé, notamment en dentisterie où de plus en plus de professionnels se forment depuis quelques années.
Cet engouement ne doit rien au hasard : l’utilisation de l’hypnose offre de nombreux avantages. Simple à utiliser, elle permet d’augmenter le confort des patients, de réduire l’anxiété et d’apporter une aide appréciable sur différentes problématiques. Pour mieux comprendre l’intérêt de se former à l’hypnose dentaire (en savoir plus sur les formations) , faisons un point sur les principales utilisations de l’hypnose en dentisterie.
Petit historique des débuts de l’hypnose en dentisterie :
1824 : Première masectomie à Paris sous magnétisme animal réalisée sans douleurs (docteur Récamey).
1836: anesthésie pour opération dentaire d’un patient devant la faculté de médecine. Le docteur Hamard procède à l’anesthésie et le docteur Oudet réalise l’opération chirurgicale.
1836: en Angleterre, le magnétiste Bugard procède à une extraction dentaire sous anesthésie magnétique devant témoins. Multiples démonstrations à l’hôpital par le Baron Du Potet.
1837 : l’Académie de médecine interdit tout type de travaux sur le magnétisme animal.
1840-1850 en Grande-Bretagne : multiples opérations chirurgicales notamment par James Esdaille. Les expériences hypno-anesthésiques reprennent en France à visage découvert dans les années 1860.
Avril 1890, British Medical Journal: récit par Bramwell (un grand historien de l’hypnose, médecin, chirugien et dentiste) raconte avoir réalisé plusieurs extractions dentaires réputées difficiles. Succès complet. Un médecin opère un collègue cette année pour une autre extraction dentaire qui témoigne de son absence de sensations douloureuses…
Le stress est une problématique bien connue des dentistes, souvent confrontés à la crainte qu’ont leurs patients de l’acte nécessaire. Du fameux bruit perturbant de la roulette à la douleur – bien réelle – potentiellement ressentie, le soin dentaire s’accompagne pour bien des patients d’un stress qui peut d’ailleurs survenir dès avant d’entrer dans le cabinet dentaire, mettant ainsi la personne dans un état d’inconfort qui doit être pris en charge dès la porte d’entrée passée.
Qu’il soit chronique ou purement lié à l’acte médical du jour, l’hypnose se révèle un outil radical pour lutter contre le stress et en inhiber les effets chez les patients. Un accompagnement par les mots, dispensé durant l’ensemble des échanges, réduira considérablement l’anxiété ressentie durant le soin, ainsi que l’appréhension de l’acte médical, y compris chez les enfants : cela rendra le patient plus serein et donc, plus coopératif. Ici, un professionnel peut choisir d’utiliser une hypnose formelle ou une hypnose dite “conversationnelle”, très douce, qui amènera le patient dans un état de bien-être, grâce à ce qui pourrait ressembler à une simple conversation.
Avoir mal est une notion subjective, ce qui explique que chaque personne ait un rapport différent à la douleur. Au-delà de la pure nociception, elle comporte en effet une composante émotionnelle, d’une importance capitale. Un patient peut ainsi, face à la douleur ou au risque de douleur, ressentir de la peur, de l’horreur ou rester serein, ce qui aura un impact évident sur la manière de vivre un acte médical douloureux.
Pour prévenir les ressentis douloureux, un dentiste pratiquant l’hypnose peut tout à fait jouer sur les perceptions émotionnelles du patient et altérer sa perception de la réalité. Il s’agira de convaincre en quelque sorte, l’esprit du patient que la douleur est modérée voire inexistante, et d’augmenter ainsi le confort du soin, pour le soigné comme pour le soignant.
Plutôt gênantes pour le dentiste, la déglutition fréquente, l’hypersalivation et autres mastications incontrôlées proviennent généralement du stress et peuvent, dans l’absolu, être régulées par l’hypnose. Il s’agira alors d’induire par l’hypnose conversationnelle, une détente générale et en particulier, des muscles de la mâchoire et de la langue.
Les mouvements du praticien, notamment la prise d’empreinte ou les gestes en fond de bouche, en seront grandement facilités, pour un soin gagnant en précision et plus rapide à réaliser.
Sur le même principe, les saignements constituent une gêne pour le praticien, que l’hypnose peut grandement limiter en agissant sur l’état de détente du patient. Réduire la tension – et donc la pression artérielle – de la personne, limitera les saignements de gencive lors des soins et favorisera une cicatrisation rapide.
Un cabinet dentaire étant composé de plusieurs personnes, dont deux interviennent régulièrement lors d’un même soin, la communication est un levier essentiel à la réussite des opérations individuelles et à la bonne marche du cabinet dans son ensemble.
Pour favoriser la clarté des échanges et la bonne intégration des consignes par tous, l’hypnose est une alliée du dentiste. La communication à destination des patients est également visée, et l’hypnose favorisera l’adoption d’un même langage par l’ensemble des personnels soignant et par ailleurs, pourra permettre la mise en place d’une approche spécifique et adaptée à chaque individu.
Terminons cette énumération par les bienfaits de l’hypnose sur le personnel soignant lui-même. Soumis au stress de la pratique, avec ses imprévus et l’adaptation nécessaire à chaque personne soignée, un relâchement de la pression est essentiel pour poursuivre les soins avec une efficacité optimale. Une courte séance d’hypnose (ou d’autohypnose) sera de mise en fin de journée pour bien couper avec les évènements et ainsi, mieux récupérer. Elle pourra également intervenir entre deux soins, notamment après un acte médical particulièrement intense ou stressant, laissant alors au praticien la possibilité de récupérer sa sérénité et son énergie.
En cabinet dentaire, l’hypnose permet une approche différente des soins, en structurant la gestion du patient autour de l’acte médical à proprement parler et en orientant le process de prise en charge vers l’optimisation du confort physiologique et psychologique du patient.
Précisons que l’utilisation de l’hypnose n’est pas chronophage et permet même, en sus de tous les bienfaits précités, de raccourcir la durée des soins. Un patient plus détendu et coopératif facilitera en effet la réalisation de l’acte médical qui pourra de fait, prendre moins de temps. La pratique hypnotique ne présente par ailleurs aucun risque, et ne constitue aucunement une prise de contrôle sur un individu. Il est plutôt question d’encourager le patient à penser d’une manière qui lui est plus favorable, pour augmenter son propre confort et limiter les désagréments liés à l’acte médical qu’il subit.
L’hypnose se démocratise au sein de l’ensemble des structures médicales et c’est tant mieux : au-delà de la « mécanique » médicale et des actes physiques précisément réalisés, l’humain et son bien-être sont ainsi mis au cœur de la pratique. L’hypnose a fait ses preuves pour l’ensemble des disciplines dentaires, et s’avère notamment redoutable pour la dentisterie pédiatrique et l’orthodontie. A votre tour de vous former !